Le 28 juillet 2023, le général Abdourahamane Tiani, commandant de la garde présidentielle depuis 2011 et désormais à la tête du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), fait une déclaration à la télévision nationale (ORTN) officialisant sa prise du pouvoir à la suite des évènements du 26 juillet 2023. Selon lui, ce sont la « dégradation continue de la situation sécuritaire » et « la mauvaise gouvernance économique et sociale » du pays qui l’auraient incité à prendre le pouvoir.
Ce discours est intervenu à la suite de deux longues journées de tensions et de négociations internes, régionales et internationales. Le ralliement de l’ensemble des commandements des forces de défense et de sécurité autour de la garde présidentielle et le peu de soutien populaire au régime du Président Bazoum, ont sonné le glas de la 7ème République du Niger.
Les changements anticonstitutionnels de régime sont loin d’être des phénomènes inhabituels au Niger. Depuis son indépendance, le 03 août 1960, le Niger a connu cinq coups d’État (1974, 1996, 1999, 2010, 2023) et d’innombrable tentatives de destitution des régimes en place. Ces coups d’État sont intervenus dans de contextes particuliers de crises économiques et sociopolitiques graves.
En effet, le Niger est un pays riche en ressources naturelles. Malgré cela, il affiche, depuis son indépendance, un profil économique peu diversifié et se trouve en 189e position dans le classement annuel de l’indice de développement humain publié en 2022 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). L’exploitation de ses ressources naturelles est extrêmement critiquée pour son manque de transparence, les détournements des deniers publics qui impactent négativement sur la population. En 2023, la Banque Mondiale estimait le niveau de pauvreté à « 44,1% » au regard de la faible productivité agricole, les sécheresses répétitives et incontrôlées, l’absence d’une politique de diversification des routes commerciales, l’inflation croissante et l’accès limité aux services sociaux de base.
Les enjeux de sécurité accentuent davantage sa vulnérabilité. Puisque, le contexte sécuritaire actuel du Niger est marqué par un complexe de menace (criminalité transfrontalière, activités terroristes, affrontements intercommunautaires…) constituant un obstacle pour sa stabilité sociopolitique et son développement économique.
Le domaine énergétique n’embellit pas le tableau. Selon l’agence internationale de l’énergie, 14% des 26 millions d’habitants du Niger sont raccordées au réseau électrique. Avec peu de centrales électriques, 70 % de l’électricité produite du Niger provient du Nigéria.
Selon le général Tiani, lors de son discours du 28 juillet 2023, « le gouvernement déchu a montré ses limites » dans la prise en charge de ces défis et exhorte la population nigérienne « à la sérénité, au calme, à la vigilance et à un sursaut patriotique pour qu’ensemble, à l’unisson, nous puissions relever les défis sécuritaires, économiques et sociaux » esquissés.
le 29 juillet 2023 Par Inesi
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