L’Espagne et le Niger ont établi des relations diplomatiques en 1965, mais beaucoup de choses ont changé depuis lors dans les deux pays. Nos relations bilatérales ont également pris un tournant important, notamment en 2007, lorsque l’’Espagne a ouvert une Ambassade résidente à Niamey. La représentation diplomatique s’est développée pour couvrir de plus en plus de domaines de nos relations, si bien qu’en 2009 un bureau technique de coopération a été ouvert, et en 2011 un bureau d’Attaché pour l’intérieur.

Cela nous donne une idée du poids que certains aspects ont dans nos relations bilatérales, que nous pouvons aujourd’hui qualifier d’excellentes. Depuis lors, l’Espagne a maintenu des contacts réguliers par le biais d’échanges de voyages et de visites officielles, dont la dernière a été celle de la Ministre des Affaires Étrangères, de l’Union Européenne et de la Coopération, Arancha González Laya, qui s’est rendue à Niamey en octobre 2020.

Dans le même ordre d’idées, les autorités espagnoles ont déjà déclaré leur volonté de continuer à travailler étroitement avec le nouveau président de la République, SEM Mohamed Bazoum, et le nouveau gouvernement du Niger.

En analysant nos relations dans différents domaines, et en commençant par la coopération au développement, je voudrais souligner que l’Espagne soutient depuis des années les gouvernements successifs du Niger dans leurs efforts pour générer un plus grand développement économique et social. Le Niger est l’un des pays prioritaires de la coopération espagnole depuis 2006. Nos lignes de travail à cet égard sont déterminées par ce qu’on appelle le « Cadre de Partenariat Pays » (MAP, en espagnol), qui est négocié avec les autorités nigériennes tous les quatre ou cinq ans pour définir, d’un commun accord, les domaines de notre partenariat.

Le dernier MAP signé en 2014, qui a été prolongé jusqu’à aujourd’hui, était doté d’un budget total de 63 millions d’euros, et les projets développés durant cette période se sont concentrés dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et de l’aide humanitaire, notamment dans les régions de Tahoua et de Maradi, ainsi qu’à Niamey. Un nouveau MAP est actuellement en cours de négociation. Nous espérons qu’il pourra être signé cette année et qu’il couvrira la période 2021-2026. Il établira les nouveaux domaines prioritaires de coopération, tous conformes aux Objectifs de Développement Durable.

L’Espagne soutient également le Niger par le biais du système multilatéral, notamment l’Union Européenne et les agences des Nations Unies. Il existe également un bon nombre d’ONG espagnoles travaillant au Niger, par l’intermédiaire desquelles nous réalisons bon nombre de nos projets.

Dans toutes ses actions, l’Espagne cherche à tout moment à promouvoir et à respecter les droits de l’homme, en mettant particulièrement l’accent sur les droits des femmes et des filles, conformément à la diplomatie féministe que le gouvernement espagnol développe.

De même, la lutte contre le changement climatique et l’atténuation de ses effets sur les populations vulnérables est un élément transversal à toutes nos actions, notamment celles développées dans le domaine de l’agriculture et de l’irrigation.

Un autre domaine dans lequel les relations entre l’Espagne et le Niger sont très intenses est la lutte contre le terrorisme, la migration irrégulière, la traite des êtres humains et les réseaux de criminalité organisée.

Afin d’unir nos forces sur une question qui touche tant nos deux pays, une « Équipe Conjointe d’Investigation » (ECI) en matière de migration a été créée en 2017, au sein de laquelle des policiers espagnols, français et nigériens travaillent ensemble, partageant expériences et compétences et permettant ainsi une action très efficace, visant à lutter contre les réseaux de traite des êtres humains. Le succès de ce modèle a encouragé la création d’une autre Équipe Conjointe d’Investigation ayant le même format, mais cette fois-ci axée sur la lutte contre le terrorisme, qui sera bientôt opérationnelle. S’il y a une chose que les policiers espagnols participant à ce projet ont soulignée, c’est la facilité avec laquelle ils peuvent travailler avec leurs collègues nigériens et intégrer une équipe dans laquelle tous les membres travaillent sur un pied d’égalité.

En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, l’Espagne participe très activement au Niger en dirigeant le projet GARSI Sahel-Niger, dont l’objectif est la création d’unités spéciales d’intervention de la Gendarmerie. Jusqu’à présent, deux unités ont déjà été créées, chacune comptant quelque 150 soldats. Ce projet, financé par l’UE, et auquel l’Espagne participe aux côtés de l’Italie, de la France et du Portugal, prévoit également la fourniture de matériel. Le travail effectué par ces unités nomades, qui sont chargées de garantir la sécurité principalement dans les zones frontalières, est très apprécié tant par le gouvernement nigérien que par la population.

Enfin, dans le domaine militaire, il convient de mentionner le soutien logistique apporté par l’armée espagnole à l’opération Barkhane par le biais du détachement aérien « Marfil » basé à Dakar, qui compte une cinquantaine d’hommes.

En bref, l’Espagne est très engagée dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Nous sommes bien conscients des efforts déployés par le gouvernement nigérien à cet égard, et de la nécessité d’unir nos forces et d’apporter un soutien international pour mettre un terme à ce fléau. L’Espagne est un pays qui a également souffert du terrorisme à l’intérieur de ses frontières, c’est pourquoi nous sommes solidaires du Niger et offrons notre expérience et notre soutien.

Outre ces domaines, que nous pouvons considérer comme les plus traditionnels de nos relations bilatérales, d’autres questions, telles que les questions culturelles et économiques, s’ouvrent progressivement.

En ce qui concerne le domaine culturel, l’un des objectifs de l’Espagne au Niger est de promouvoir l’apprentissage de l’espagnol et, parallèlement, la mobilité des étudiants et des professionnels grâce aux bourses offertes par le gouvernement espagnol et l’UE. L’Espagne dispose de différents types de bourses, tant pour les études de troisième cycle que pour les stages professionnels. De plus, en collaboration avec la CEDEAO, nous offrons chaque année des bourses aux fonctionnaires travaillant dans le domaine international pour étudier le Master en Relations Internationales à l’École Diplomatique á Madrid. En outre, les étudiants universitaires et le personnel enseignant nigériens peuvent demander des bourses Erasmus+ pour étudier dans les universités espagnoles.

La maîtrise de l’espagnol est une condition essentielle dans la plupart des cas. Nous souhaitons donc encourager les étudiants nigériens à étudier notre langue, qui est également la troisième langue la plus parlée au monde après l’anglais et le chinois, et la deuxième la plus utilisée sur l’internet. L’Espagne dispose d’un lectorat d’espagnol à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Abdou Moumouni de Niamey. Nous espérons bientôt pouvoir organiser dans la capitale nigérienne les examens du DELE (diplôme d’espagnol comme langue étrangère), qui constituent une qualification officielle reconnue au niveau international.

Cette année, nous travaillons également à l’organisation d’activités et d’ateliers pour relier l’Espagne et le Niger dans d’autres domaines tels que le sport, la danse ou la conservation du patrimoine.

En ce qui concerne la sphère économique, il y a de grandes opportunités pour les entreprises espagnoles au Niger, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, des télécommunications et des infrastructures. L’Ambassade collabore avec les ministères nigériens compétents pour rapprocher les entreprises espagnoles de ce pays où elles ne sont pas très présentes pour le moment, dans l’espoir que leurs investissements puissent générer des emplois, accompagner les plans de développement et lutter contre le changement climatique grâce à la promotion des énergies renouvelables.

Parallèlement, le gouvernement espagnol, comme l’indiquent le III Plan Afrique et le programme Focus Afrique 2023, redouble d’efforts pour promouvoir les investissements espagnols sur le continent africain.

Enfin, au niveau régional, le Niger joue un rôle indiscutable en tant que membre du G-5 Sahel, de la CEDEAO et de l’Union Africaine. L’Espagne soutient fermement les processus d’intégration, car nous pensons qu’ils constituent le meilleur moyen de faire progresser la croissance économique et de garantir des zones de paix et de sécurité. La région du Sahel est une priorité de notre politique étrangère, et la preuve en est que notre Ministre des Affaires Étrangères, de l’Union Européenne et de la Coopération préside actuellement l’Assemblée Générale de l’Alliance Sahel.

En bref, les liens entre l’Espagne et le Niger sont de plus en plus étroits. Nos gouvernements et nos populations se rapprochent, car nous partageons des défis communs que nous ne pouvons relever qu’ensemble. La lutte contre le terrorisme, la lutte contre le changement climatique, le développement économique, l’emploi des jeunes ou la promotion des droits des femmes et des filles sont des questions qui nous concernent tous de la même manière et auxquelles nous ne pourrons trouver des solutions durables qu’en travaillant de manière coordonnée.

Á Niamey, le 20 avril 2021